Vrai ou faux Législatives 2024 : Sandrine Rousseau veut-elle vraiment piocher dans l'épargne des Français pour rembourser la dette publique ?

L'élue écologiste ne veut pas réquisitionner l'épargne des Français, mais souhaite inciter les citoyens à investir dans la dette publique, notamment à travers l'achat d'obligations d'Etat.
Article rédigé par Léa Deseille
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Sandrine Rousseau arrive à l'Assemblée nationale, le 1er juillet 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

L'extrait, vieux de plus de trois mois, a été exhumé en pleine campagne du second tour des élections législatives anticipées et agite depuis les réseaux sociaux. Invitée de l'émission "Ecorama" de Boursorama, le 2 avril dernier, la députée écologiste Sandrine Rousseau évoque le problème de la dette de la France et l'épargne des Français. "La France est l'un des pays où il y a une épargne qui nous permettrait très bien de reprendre la main sur notre dette", explique-t-elle.

Ces propos ont scandalisé les internautes. "Sandrine Rousseau veut confisquer les épargnes des Français pour rembourser la dette publique", s'offusque l'un d'entre eux sur le réseau social X. La classe politique, elle non plus, n'a pas manqué de se saisir de cette séquence pour s'attaquer au programme du Nouveau Front populaire. Marine Le Pen, réélue députée dès le premier tour, tout comme Sandrine Rousseau, a réagi à l'extrait sur X.

"Les Français qui travaillent et ont économisé toute leur vie pour se constituer une petite épargne seront impitoyablement ponctionnés si la coalition d'extrême gauche et Jean-Luc Mélenchon arrivent au pouvoir dimanche prochain", prétend la leader d'extrême droite. Mais Sandrine Rousseau veut-elle vraiment rembourser la dette en piochant dans l'épargne des Français ?

Dans l'émission "Ecorama", Sandrine Rousseau est interrogée sur le problème de la dette française. D'après l'Insee, la dette publique s'établissait à 3 159,7 milliards d'euros à la fin du premier trimestre. La députée écologiste s'inquiète que la dette française soit "largement détenue par l'étranger". D'après la Banque de France, fin 2023, 53,2% des détenteurs de la dette française ne résidaient pas en France.

Un enjeu de souveraineté

Contactée par franceinfo, l'Agence France Trésor, chargée de gérer la dette et la trésorerie de l'Etat, estime toutefois qu'il reste difficile de connaître précisément les détenteurs de la dette publique française, en raison de la rapidité des échanges des titres de dette. "Il y a plus de 10 milliards d'euros de titres de dette qui sont échangés quotidiennement sur les marchés", explique l'agence.

"La dette étant un enjeu collectif. Nous devrions savoir qui la détient et qui la maîtrise", estime l'élue. Pour elle, l'épargne des Français serait donc la solution.

Contactée par franceinfo, Sandrine Rousseau a explicité ses propos. "Au Japon, l'essentiel de la dette est détenu par les habitants, on pourrait imaginer que cela soit le cas en France, explique l'élue. Cela permettrait de retrouver une souveraineté de la dette." Pour ce faire, il faudrait inciter les Français à investir dans la dette. Mais il ne s'agirait pas d'utiliser l'épargne des Français pour la rembourser, assure Sandrine Rousseau.

Un placement pour les particuliers

Pour se financer, l'Etat s'endette en empruntant de l'argent sur les marchés financiers. Or il est possible pour les particuliers d'acheter des "emprunts émis par la République française et qui bénéficient du crédit et de la signature de l'Etat", comme le précise le site de l'Agence France Trésor. Ces obligations assimilables du Trésor (OAT) sont également "cessibles en bourse à tout moment au prix du marché". Certains produits d'épargne, comme les assurances-vie, permettent également de placer son argent en investissant dans des obligations d'Etat.

"Orienter l'épargne (et non la confisquer) est indispensable", a insisté Sandrine Rousseau sur X. Pour la députée, inciter les Français à investir dans ces OAT permettrait non seulement de financer la dette française, mais aussi de limiter l'impact environnemental de l'épargne. "L'argent ne dort pas dans des coffres-forts et les placements sont une source majeure de CO2", a-t-elle assuré.

D'après Oxfam France, en apportant des soutiens financiers à des entreprises, projets, particuliers ou Etats, les banques sont responsables d'émissions de gaz à effet de serre. "L'empreinte carbone des grandes banques françaises représente près de huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière", dénonce l'ONG.

La Féfération bancaire française a pour sa part fait valoir en avril que "les banques françaises sont résolument engagées dans la lutte contre le changement climatique" et "financent de plus en plus massivement les projets de transition de leurs clients, entreprises ou particuliers".

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